6.8 Risques de marché
6.8.1 Politique de risques de marché
Les politiques de risques liées aux opérations de marché sont contrôlées par les directions des Risques des établissements disposant d’activités de salle de marché. Ces politiques intègrent la vision qualitative et prospective.
En complément pour les activités de banking book, les politiques d’investissement sont définies au niveau Groupe et revues en central pour les établissements du Groupe ayant une activité de risques de marché. Le dispositif risque lié à ces activités est défini en cohérence avec les politiques d’investissement et fait l’objet d’une revue annuelle.
6.8.2 Organisation de la gestion des risques de marché
La direction des Risques intervient dans les domaines de la mesure des risques, de la définition et du suivi des limites et dans la surveillance des risques de marché avec les missions suivantes :
fixer les principes de mesure des risques de marché, validés ensuite par les différents comités risques compétents ;
produire des mesures de risques, notamment celles correspondant aux limites opérationnelles de marché ou s’assurer de leur production dans le cadre de la filière risques ;
déterminer des politiques de réfaction de valeurs ou les déléguer aux directions des Risques des établissements concernés et centraliser l’information ;
assurer la validation de second niveau des résultats de gestion et des méthodes de valorisation de la trésorerie.
instruire le dispositif et la fixation des limites (plafonds globaux et le cas échéant les limites opérationnelles) décidées au sein des différents comités risques compétents, dans le cadre du processus d’analyse contradictoire des risques ;
examiner la liste de produits autorisés dans les établissements concernés ainsi que les conditions à respecter et la soumettre pour validation au comité des risques de marché compétent ;
instruire les demandes d’investissements dans les produits financiers ou dans les nouveaux produits de marché ou activités, des établissements bancaires concernés ;
s’assurer de l’harmonisation des dispositifs d’encadrement des compartiments portefeuilles de négociation et portefeuilles moyen et long termes des réseaux Banque Populaire et Caisse d’Epargne (les indicateurs de suivi, la fixation des limites sur ces indicateurs, le processus de suivi et de contrôle, ainsi que les normes de reporting).
consolider la cartographie des risques de marché groupe et contribuer à la macrocartographie des risques du groupe et des établissements ;
assurer ou veiller à la surveillance quotidienne des positions et des risques au regard des limites allouées (plafonds globaux et limites opérationnelles) et des seuils de résilience définis, organiser le dispositif de décision en matière de dépassements et assurer ou veiller à la surveillance permanente des dépassements et de leur résolution ;
En outre, la direction des Risques de BPCE anime la filière risques de marché, notamment au travers de journées nationales, d’échanges réguliers via des audios dédiées ou bien encore de groupes de travail thématiques.
Suite à la crise sanitaire de la Covid-19, la direction des Risques a réalisé une révision des stress-tests appliqués au périmètre immobiliers hors exploitation du Groupe.
La direction des Risques assure le suivi des risques de l’ensemble des activités de marché au sein du Groupe BPCE, qui fait l’objet d’un examen régulier par le comité des risques de marché groupe.
Sur le périmètre du portefeuille de négociation, le suivi des risques de marché est opéré au travers d’une mesure quotidienne de la Value at Risk (VaR) groupe et de stress globaux et historiques. Le système propriétaire de calcul de VaR, développé par Natixis, est utilisé par le Groupe. Ce système permet de disposer d’un outil de mesure, de suivi et de contrôle des risques de marché au niveau consolidé et au niveau de chaque établissement, sur une base quotidienne et en tenant compte des corrélations entre les différents portefeuilles.
concernant Natixis, l’importance des activités de marché implique la mise en œuvre d’une gestion du risque propre à cette entité ;
concernant le réseau Banque Populaire, seule la BRED Banque Populaire dispose d’activités de marché. Elle réalise un suivi quotidien de ses opérations financières au sein de sa salle des marchés et de sa direction financière, au travers des indicateurs de Value at Risk 99 % à 1 jour, de sensibilités, de volumétrie, et de stress scenarii ;
le suivi quotidien des activités de portefeuille de négociation de la Banque Palatine repose, entre autres, sur la surveillance par la DR de la Value at Risk 99 % à 1 jour, de stress tests et du respect des limites réglementaires.
L’ensemble des limites (indicateurs opérationnels, VaR, stress tests) est suivi au quotidien par les directions des Risques des établissements. Tout dépassement de limite fait l’objet d’une notification et, le cas échéant, occasionne une décision du management relative aux positions en cause (fermeture, couverture, maintien, etc.).
Ces dispositifs d’encadrement sont également assortis de limites opérationnelles et de seuils de résilience qui définissent l’appétit au risque du Groupe pour les activités de négociation.
Sur le périmètre du portefeuille bancaire, l’encadrement et le suivi sont déclinés par activités : réserve de liquidité, actifs illiquides (private equity, immobilier hors exploitation), titrisations et actifs liquides hors réserve de liquidité. Le suivi sur les périmètres réserve de liquidité et actifs liquides, hors réserve de liquidité, est effectué mensuellement à travers notamment d’indicateurs de stress test. Les périmètres actifs illiquides et titrisations font eux l’objet d’un suivi trimestriel.
Le pool de refinancement du Groupe fait l’objet d’un suivi quotidien en risques et résultats économiques, réalisé sur l’ensemble des activités du pool, qui relèvent majoritairement du portefeuille bancaire.
6.8.3 Méthodologie de mesure des risques de marché
Sur le plan prudentiel, le risque de marché du Groupe BPCE est en méthode standard. Son dispositif de suivi des risques s’appuie sur trois types d’indicateurs permettant d’encadrer l’activité, en global et par activité homogène, au moyen de grandeurs directement observables :
les sensibilités à la variation du sous-jacent, à la variation des volatilités, à la corrélation, au nominal, aux indicateurs de diversification. Les limites correspondant à ces indicateurs opérationnels à la fois qualitatifs et quantitatifs viennent ainsi compléter les limites de VaR, de stress tests ;
l’évaluation quotidienne d’une mesure de risque de marché globale au travers d’une VaR 99 % à 1 jour ;
des mesures de stress tests, consistant à mesurer les pertes éventuelles subies par les portefeuilles dans des configurations de marché extrêmes. Le dispositif du Groupe repose sur des stress tests globaux et des stress tests spécifiques dédiés à chaque activité.
Des reportings spécifiques par activité sont envoyés quotidiennement aux opérateurs et au management concernés. La DR BPCE diffuse également un reporting hebdomadaire récapitulant l’ensemble des risques de marché du Groupe, avec une vision détaillée pour Natixis, BRED Banque Populaire et Banque Palatine.
De plus, pour Natixis, un reporting global risques de marché est diffusé quotidiennement à l’organe central. Ce dernier réalise une synthèse hebdomadaire des indicateurs de risques de marché et de résultats à destination de la direction générale groupe.
Enfin, une revue synthétique des risques de marché consolidés du Groupe BPCE, portant sur les mesures de VaR et de stress scenarii hypothétiques et historiques, est présentée au comité des risques de marché groupe, en complément des reportings de risques réalisés pour les entités.
En réponse au Revised Pillar 3 Disclosure Requirements (Table MRB : Qualitative disclosures for banks using the Internal Models Approach), les principales caractéristiques des différents modèles utilisés pour le risque de marché sont présentées dans le document de référence de Natixis.
Le suivi et le contrôle du respect des limites en sensibilité sont opérés quotidiennement par les directions des Risques des établissements. En cas de dépassement de limites, une procédure d’alerte est déclenchée afin de définir les actions à mettre en œuvre pour un retour dans les limites opérationnelles.
Le risque de marché est également suivi et évalué au moyen de mesures synthétiques de VaR, permettant de connaître les pertes potentielles que chaque activité peut engendrer, pour un degré de confiance (99 %) et un horizon de détention des positions (1 jour) prédéfinis. Pour ce faire, l’évolution des paramètres de marché dont dépend la valeur des portefeuilles est modélisée au moyen d’études statistiques.
L’ensemble des choix en matière de facteurs de risques dans l’outil de calcul interne est révisé régulièrement dans le cadre de comités associant l’ensemble des acteurs concernés (DR, front office et service des résultats). Des outils de mesures quantitatives et objectives de la pertinence des facteurs de risque sont utilisés.
La VaR est calculée par simulations numériques au moyen d’une méthodologie Monte Carlo qui prend en compte les éventuelles non-linéarités des portefeuilles suivant les différents axes de risques. Elle est calculée et suivie quotidiennement sur l’ensemble des portefeuilles de négociation du Groupe et une limite en VaR est définie au niveau global et pour chaque activité. L’outil de calcul simule 10 000 scenarii, permettant de donner un niveau de précision satisfaisant. Pour certains produits complexes dont la part est marginale, leur intégration dans la VaR est obtenue à l’aide des sensibilités. Sur le périmètre homologué, un backtesting de la VaR est réalisé, et permet d’attester de la robustesse globale du modèle utilisé. Les risques extrêmes, qui ne sont pas captés par la VaR, sont traités au travers des stress tests mis en place au sein du Groupe.
Le modèle interne VaR de Natixis a fait l’objet d’une validation de la part de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) en janvier 2009. Natixis utilise la VaR pour le calcul des fonds propres au titre des risques de marché sur les périmètres homologués.
Les stress tests sont calibrés selon les niveaux de sévérité et d’occurrence cohérents avec les intentions de gestion des portefeuilles :
Les stress tests appliqués sur le trading book sont calibrés sur un horizon 10 jours et une probabilité d’occurrence 10 ans. Ils sont basés sur :
des scénarios historiques reproduisant les variations de paramètres de marché observées sur des périodes de crises passées, leurs impacts sur les positions actuelles et les pertes et profits. Ils permettent de juger de l’exposition du périmètre à des scenarii connus. Douze stress historiques sont en place depuis 2010 ;
des scénarios hypothétiques consistent à simuler des variations de paramètres de marché sur l’ensemble des activités, en s’appuyant sur des hypothèses plausibles de diffusion d’un choc initial. Ces chocs sont déterminés par des scenarii définis en fonction de critères économiques (crise de l’immobilier, crise économique…), de considérations géopolitiques (attaques terroristes en Europe, renversement d’un régime au Moyen-Orient…) ou autres (grippe aviaire…). Le Groupe compte sept stress tests théoriques depuis 2010.
Des stress tests appliqués au banking book calibrés sur des horizons plus long en cohérence avec les horizons de gestion du banking book :
stress test de crédit obligataire calibré selon une approche mixte hypothétique et historique reproduisant un stress sur les souverains européens (similaire à la crise 2011) ;
stress test de crédit obligataire calibré selon une approche mixte hypothétique et historique reproduisant un stress sur le corporate (similaire à la crise 2008) ;
stress test action calibré sur la période historique de 2011 appliqués aux investissements actions dans le cadre de la réserve de liquidité ;
stress test Private Equity et immobiliers, calibrés sur la période historique de 2008, appliqués aux portefeuilles de Private Equity et immobiliers.
Les différents stress tests font l’objet d’un encadrement par des limites déclinées par établissement. Celles-ci sont suivies dans le cadre du dispositif récurent de contrôle et par un reporting régulier.
Le Groupe a mis en place une organisation permettant d’assurer le dispositif de vérification indépendante des prix (IPV) à travers :
répondre aux exigences réglementaires et assurer leur mise en œuvre effective tout en évaluant leurs impacts sur la production et le contrôle de nouveaux indicateurs ;
normer et homogénéiser la production, la certification et la mise à disposition des paramètres de marché utilisés dans les process de valorisation ;
assurer la coordination et l’animation des process de valorisation dans le Groupe afin de garantir la convergence des méthodes et principes relatifs à l’IPV ;
sur un dispositif de supervision articulé autour du comité de valorisation groupe et du comité niveau de juste valeur groupe ;
sur un ensemble de procédures dont la procédure IPV groupe, qui explicite le dispositif de validation et d’escalade.
6.8.4 Informations quantitatives
en millions d’euros |
VaR Monte-Carlo 99 % |
||||
31/12/2021 |
moyenne |
min |
max |
31/12/2020 |
|
Risque action |
6,3 |
6,9 |
2,3 |
14 |
10,9 |
Risque change |
2,9 |
2 |
0,3 |
11 |
3 |
Risque matières premières |
0,8 |
1,3 |
0,2 |
2,9 |
1,2 |
Risque crédit |
0,9 |
1,5 |
0,2 |
3,6 |
1,7 |
Risque taux |
4,7 |
3 |
1,7 |
5,7 |
3,4 |
TOTAL |
15,6 |
0 |
0 |
0 |
20,2 |
Effet de compensation |
(7,3) |
0 |
0 |
0 |
(8,1) |
VaR consolidée |
8,3 |
8,1 |
4,9 |
16,8 |
12,1 |
Au 31 décembre 2021, la VaR (Monte Carlo 99 % – 1 jour) consolidée du périmètre de négociation du Groupe BPCE s’élève à 8,3 millions d’euros en baisse de 3,8 millions d’euros sur l’année.
Au 31 décembre 2021, le stress test global hypothétique le plus sensible est le scénario de crise des émergents (avec un impact de - 48 millions d’euros à l’échelle du Groupe).
Le scénario du 11 septembre n’est plus considéré dans le dispositif Groupe depuis le 21 octobre 2021.
Au 31 décembre, le scénario historique le plus impactant pour le groupe est le scénario de crise souverain de 2011 (avec un impact de - 51.7 millions d’euros à l’échelle du Groupe, largement porté par l’entité Natixis).
À l’échelle du Groupe, le scénario le plus impactant sur l’année 2021 est le scénario de crise souverain.
en millions d’euros |
31/12/2021 |
31/12/2020 |
||
Risques pondérés |
Exigences en fonds propres |
Risques pondérés |
Exigences en fonds propres |
|
Risque de taux |
2 729 |
218 |
1 923 |
154 |
Risque sur titres de propriété |
822 |
66 |
558 |
45 |
Risque de position sur OPC |
73 |
6 |
32 |
3 |
Risque sur position de change |
3 708 |
297 |
3 413 |
273 |
Risque sur matières premières |
1 725 |
138 |
1 179 |
94 |
Risque de règlement-livraison |
11 |
1 |
6 |
0 |
Risque relatif aux grands risques du portefeuille de négociation |
- |
- |
- |
- |
Risque spécifique sur positions de titrisation |
514 |
41 |
187 |
15 |
Risque selon l’approche modèle interne |
5 571 |
446 |
7 147 |
572 |
TOTAL |
15 153 |
1 212 |
14 445 |
1 155 |